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Entrepreneurs, êtes-vous en surcharge cognitive ?
Quel créateur d’entreprise, entrepreneur ou dirigeant de TPE – PME n’a jamais connu cet état de grande fatigue mentale, de stress et d’épuisement physique et intellectuel qui caractérise la surcharge cognitive ?
L’aventure entrepreneuriale est l’une des plus belles aventures du monde, on n’aura de cesse de le dire, mais c’est également l’une des activités les plus exigeantes.
Le rôle du dirigeant est de définir la stratégie de l’entreprise, ses objectifs et l’allocation des moyens. Le challenge est de savoir « mobiliser les troupes », qu’il s’agisse de partenaires financiers ou commerciaux, d’actionnaires ou de salariés. Cette posture requière de l’énergie, du contrôle de soi, de l’efficacité personnelle, une agilité à la prise de décision, la compréhension de son environnement, la faculté de savoir centraliser et analyser efficacement l’information, l’aptitude à apprendre et à se renouveler sans cesse. C’est d’autant plus vrai pour les porteurs de projet et les solo entrepreneurs.
Il n’existe pas sur cette Terre de surhomme. Et nul n’est à l’abri de l’épuisement. Certains dirigeants se font accompagner dans le cadre de leur vie professionnelle par des spécialistes des ressources humaines tels que des coachs. Cependant, beaucoup, par méconnaisse ou minimisation des risques, en viennent à se négliger jusqu’à présenter des traits déficitaires de l’attention (ADT).
Cet article traite de la charge mentale. De quoi s’agit-il ? Comment se manifeste-t-elle ? Comment l’éviter ?
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Qu’est-ce que la surcharge cognitive ?
La théorie de la charge cognitive a été initiée par John Sweller, et portait au départ sur les difficultés d’apprentissage des enfants et adolescents. Ce psychologue de la cognition explique que tout processus d’apprentissage s’effectue en deux temps :
– En premier lieu, toutes les informations nécessaires au traitement de la tâche sont reçues et stockées dans notre mémoire à court terme.
– Puis les informations les plus importantes sont relayées dans notre mémoire à long terme pour une réutilisation future.
La surcharge cognitive et les troubles attentionnels interviennent lorsque notre cerveau n’arrive plus à stocker et traiter la somme des informations reçues.
Concrètement : Imaginez-vous dans la sphère professionnelle, vous devez terminer un important dossier dans l’heure qui suit. Dans le même temps, vous recevez un mail très important d’un autre client. Votre téléphone portable ne cesse de vibrer. Les sollicitations sont nombreuses, votre rythme cardio vasculaire s’accélère, vous avez du mal à gérer vos émotions, vous n’arrivez plus à vous organiser, votre niveau d’anxiété augmente. Vous êtes peut-être en surcharge cognitive.
La satisfaction de nouvelles exigences professionnelles telles que le fait de devoir être de plus en plus mobile, traiter de plus en plus d’informations dans le même temps, l’obligation de travailler de manière séquentielle font que de plus en plus de personnes montrent des traits déficitaires de l’attention. Les entrepreneurs ne sont pas épargnés.
Ce qu’il faut retenir :
– Nos capacités attentionnelles sont limitées et directement liées à notre mémoire de travail.
– Notre cerveau à la faculté innée de se concentrer sur plusieurs choses à la fois, en les stockant dans notre mémoire à court terme.
– La capacité de stockage de notre mémoire à court terme est limitée.
– Lorsque le nombre d’information qu’il doit traiter est trop important, notre cerveau fatigue et il s’ensuit une « surchauffe » cognitive. L’ensemble de nos capacités cognitives s’en trouvent réduites.
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Comment se manifeste la surcharge cognitive ?
Selon les personnes, la surchauffe cognitive se traduit par :
- Des troubles d’une ou plusieurs des fonctions cognitives (soit des troubles du langage, de la perception, de la mémoire, de l’attention, de la motricité et/ou du raisonnement)
- Une fatigue physique et mentale
- Difficulté à résoudre des problèmes, même simples.
- Le sentiment d’avoir trop de chose à gérer.
- Une diminution de la concentration.
- Le fait de ne pas savoir par où commencer.
- Des difficultés à s’organiser.
- Des difficultés à prendre des décisions.
- Une mauvaise mémorisation dans la mémoire à long terme.
- Une baisse de morale.
- Un ralentissement dans le traitement des informations.
- Une baisse de performance.
- Une déconnexion avec ses propres besoins.
- Une gestion des émotions plus difficile (l’entrepreneur devient irrité, pressé, impatient).
- Une perte de confiance en soi.
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Comment éviter la surcharge cognitive lorsque l’on est entrepreneur ?
Lorsque l’on connaît le stress que vivent au quotidien les entrepreneurs, ce phénomène de saturation du cerveau est tout à fait normal. Alors comment éviter les troubles de la cognition lorsque l’on doit piloter une affaire ?
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Astuce 1 : se créer une routine
Les habitudes sont des actions que l’on répète de manière naturelle et inconsciente. Automatiser des tâches, permet au cerveau de réduire ses efforts et d’économiser de l’énergie.
Vous pouvez vous créer deux types de routine :
- Celles qui sont nécessaires à votre bien être et à votre équilibre émotionnel (exemple : vous accorder une soirée entre amis toutes les deux semaines)
- Celles qui facilitent votre activité professionnelle (exemple : accorder un temps pour développer votre réseau tous les lundi matin)
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Astuce 2 : planifier au maximum
Une bonne gestion du temps est primordiale pour tout gérant d’entreprise. Savoir ce que vous devez faire et quand permet de réduire l’incertitude source de stress, vous évitez ainsi la dispersion et une agitation mentale inutile. Vous pouvez vous focaliser sur vos objectifs.
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Astuce 3 : conserver le moins de choses possibles en tête
L’écriture par exemple permet d’alléger sa mémoire de travail, plus exactement sa mémoire prospective. La mémoire prospective a pour vocation de nous rappeler ce que nous devons faire. Tout ce que vous conservez en tête apparaît à votre cerveau comme une action inachevée et vient charger votre mental. Privilégiez donc une prise de notes efficaces à un effort inutile de mémorisation.
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Astuce 4 : déléguer et automatiser ce qui peut l’être
Déléguer, c’est savoir partager les responsabilités, apprendre à faire confiance. Accepter que vous ne puissiez pas tout gérer seul et tout maîtriser. Vous appuyez sur des tiers de confiance, qu’il s’agisse de personnes internes à votre entreprise ou de personnes externes, limite les risques d’épuisement mentale.
Parallèlement, en automatisant au maximum les tâches qui peuvent l’être vous vous libérerez l’esprit.
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Astuce 5 : éviter les distractions
Grâce à la neuropsychologie, nous savons aujourd’hui que deux éléments entrent en jeux dans la charge cognitive : la charge intrinsèque liée à la tâche à accomplir elle-même et la charge extrinsèque correspondant à toutes les formes de distractions.
Pour être efficace, le traitement de l’information par notre cerveau nécessite trois étapes :
- L’encodage,
- Le stockage (mémorisation dans la mémoire long terme),
- La récupération (faire passer l’information de la mémoire de travail vers la mémoire à long terme).
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Une bonne organisation du travail allège la charge mentale. Toutes les formes de distractions qu’elles soient liées aux nouvelles technologies et au nouveaux moyens de communication (exemple : prêter attention à ces mails au milieu d’un travail), ou d’ordre visuel ou sonore (exemple : travailler dans un lieu bruyant et désordonné) sont nocives pour le bon déroulement des fonctions cognitives et la qualité de la concentration. Dans ces conditions, il est recommandé de regrouper les tâches qui peuvent l’être et de ne se focaliser que sur une action à la fois.
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Astuce 6 : soigner son hygiène cognitive
Soigner son hygiène cognitive consiste à prêter attention à la manière dont nous organisons et traitons les informations.
Particulièrement lorsque nous sommes fatigués, il peut être opportun de commencer par changer son cadre de travail et sa manière de travailler :
- Diminuer les nuisances sonores.
- Epurer son cadre de travail et l’organiser de manière cohérente (ex : ranger son bureau).
- Procéder au regroupement des tâches qui peuvent l’être.
- Éviter l’hyperactivité et se focaliser sur une seule chose à la fois.
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Astuce 7 : Faire des pauses
Faire des pauses permet d’oxygéner son cerveau. Des études de Cyril Couffe, docteur en psychologie cognitive, ont mis en évidence le fait que s’accorder un temps d’errance mentale permet de retrouver de la disponibilité, de l’énergie et améliore les capacités attentionnelles.
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Astuce 8 : Éviter l’info-obésité
Vous comprenez que la surchauffe mentale résulte d’un trop grand nombre d’informations à traiter. Notre époque se caractérise par la facilité avec laquelle nous avons accès à l’information. Cependant, une trop grande exposition aux média, réseaux sociaux ou autres vecteurs d’informations contribuent au phénomène de saturation du cerveau.
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En résumé, pour éviter la surcharge cognitive (et les déficits de l’attention qui en découlent), il est indispensable de soigner son hygiène cognitive grâce à des habitudes comportementales simples :
- Limiter le nombre d’informations à mémoriser et privilégier la prise de note.
- Déléguer et automatiser pour réduire la charge mentale.
- Éviter l’hyper activité, le multitâche et les « distractions » inutiles pour alléger la mémoire de travail.
- S’oxygéner le cerveau en s’accordant des pauses.
- Éviter les stimulus inutiles en fuyant l’info-obésité.
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