Croyances limitantes : comment les dépasser pour de bon ?
« La certitude provient d’une vision tronquée »
écrit Jean-Claude Clari
Il a bien raison. Et pourtant, les certitudes nous sont indispensables. Comment avancer dans la vie lorsque l’on doute de tout ? Parmi nos croyances, certaines nous sont utiles, c’est ce que nous appelons les « croyances ressources ». D’autres à l’inverse peuvent constituer un très lourd handicap. Nous parlons alors de « croyances limitantes ».
Dans cet article, Koï Coaching s’intéresse aux croyances limitantes. Comment les reconnaître ? Comment s’en libérer ?
Qu’est-ce qu’une croyance ?
Une croyance est une certitude, consciente ou inconsciente, que l’on porte sur soi, sur les autres et sur la vie en général. Une croyance se caractérise par le fait qu’elle existe indépendamment des faits qui viendraient la corroborer ou la démentir.
Exemple de croyance : considérer qu’un projet de création d’entreprise est trop risqué, sans avoir mené une analyse de marché au préalable.
Certaines croyances dites « ressources » peuvent être aidantes pour l’individu.
Exemple de croyance ressource : Une personne qui est persuadée qu’elle dispose des capacités nécessaires pour réussir dans la vie est une personne qui dispose d’un bon niveau de confiance en elle. Or la confiance en soi est une qualité préalable indispensable pour réussir.
D’autres croyances à l’inverse peuvent être handicapantes.
Exemple de croyance limitante : Une personne convaincue qu’il faut à priori se méfier des autres aura du mal à tisser des relations sociales harmonieuses.
Les croyances posent deux types de difficultés. La première tient au fait qu’un certain nombre d’entre elles sont inconscientes.
Exemple : Ils existent énormément de croyances autour de l’argent. Certaines personnes disent vouloir augmenter leurs ressources financières, mais elles entretiennent dans le même temps, et sans s’en rendre compte, des pensées négatives autour de l’argent. À titre d’illustration, elles peuvent penser qu’il faut travailler dur pour obtenir un revenu convenable ou que « les riches sont des voleurs ».
La seconde difficulté que posent les croyances porte sur le fait qu’il s’agit de certitude. Or, par définition, nous ne remettons pas en cause nos certitudes.
Exemple : Combien d’entre-nous sommes persuadés que l’être humain n’a physiologiquement que cinq sens ? En sommes-nous sûrs ? Vérifions…
En résumé, l’être humain base ses représentations du monde sur un système de croyances. Celles-ci sont constituées d’un ensemble de pensées et de certitudes. Nous entretenons des croyances, plus ou moins objectives, plus ou moins aidantes sur à peu près tout. Par définition, nous considérons ces croyances comme vraies. Ainsi, elles se confondent avec notre réalité et la façonnent.
En soi, la question essentielle n’est pas de savoir si une croyance est vraie ou non. Il semble plus pertinent de se demander si elle est utile à l’atteinte des objectifs de la personne ou si, au contraire, elle constitue un obstacle. Lorsqu’une croyance est porteuse et nous aide à avancer vers notre bien-être, nous parlons de croyance ressource. À l’inverse, lorsque celle-ci va dans le sens contraire à nos objectifs, nous parlons de croyance limitante. Enfin, les croyances n’ayant aucun impact réel sur nos vies sont appelées « croyances neutres ».
D’où proviennent nos croyances limitantes ?
Nos croyances ont des origines multiples. Elles peuvent venir de notre famille, de notre environnement au sens large, de nos expériences passées.
Croyances transmises par la famille
Beaucoup de nos croyances nous ont été transmises par notre famille, et en particulier par nos parents. À titre d’illustration, ce n’est pas un hasard si les personnes venant d’une famille d’entrepreneurs ont plus de chances de devenir elles-mêmes indépendantes, en comparaison avec les personnes venant d’un milieu de fonctionnaires.
Mais nos croyances proviennent également des comportements que notre entourage a entretenus vis-à-vis de nous, en réponse à nos façons d’être et de faire.
Exemple : Un enfant qui ne se sent pas considéré par ses parents aura tendance à penser qu’il n’a aucune influence sur le monde qui l’entoure.
Les injonctions reçues dans notre enfance (également appelées « drivers » ou « messages contraignants ») façonnent également nos croyances. Ces cinq injonctions sont « sois parfait », « sois fort », « fais plaisir », « fais des efforts » et « dépêche-toi ».
Exemple : À titre d’illustration, une personne ayant reçu l’injonction « fais plaisir » portera la croyance selon laquelle les autres la rejetteront si elle dit « non » à leurs demandes.
De même, les cinq blessures émotionnelles de l’enfance sont le rejet, l’abandon, l’humiliation, la trahison et l’injustice. Ces cinq blessures déterminent les mécanismes inconscients de défense que nous mettons en place pour être acceptés par notre entourage. Par la même occasion, ces blessures sont à l’origine d’un certain nombre de nos croyances.
Parallèlement, les « étiquettes » qui nous sont attribuées façonnent également nos représentations.
Exemple : un enfant dont les parents lui répétaient souvent qu’il était maladroit intériorise cette caractéristique. Il y a alors une forte probabilité de chance pour qu’il conserve cet attribut à l’âge adulte.
Enfin, un certain nombre de nos croyances sont acquises par mimétisme. C’est le cas par exemple d’une personne qui, devenant adulte, reproduit le comportement de l’un de ses parents de manière complètement inconsciente, bien qu’elle se soit promis de faire différemment.
Croyances transmises par l’environnement socioculturel
Le contexte économique et culturel dans lequel nous évoluons occupe une place importante dans la détermination de nos croyances. À titre d’illustration, les médias influencent la confiance que les personnes portent en l’avenir. De même, la France demeure influencée par la place que la religion a occupée autrefois dans notre société. Les conventions transmises par la Société déterminent ce qui est « polie » ou « impolie », « bien » ou « mal », ce qu’il faut savoir (culture générale).
Croyances provenant de nos expériences passées
Certaines de croyances résultent de distorsions cognitives. Nous appelons « distorsions cognitives » les erreurs de raisonnement prévisibles que nous sommes amenés à commettre. Parmi elles se situe la généralisation qui est le fait de tirer une conclusion sur la base d’un nombre réduit de faits, voire d’un unique fait.
Exemple : Une personne ayant eu une expérience malheureuse lors d’une prise de parole en public peut penser qu’elle n’est pas douée à l’oral en s’appuyant sur ce seul exemple.
En conclusion, tout ce qui façonne ou a façonné notre personnalité dans le passé est un élément sur lequel s’appuient et se construisent nos croyances.
Pourquoi se libérer de certaines de ses croyances ?
Il ne s’agit pas de remettre en cause la totalité de nos croyances au risque de perdre complètement nos repères. L’enjeu est davantage d’identifier les croyances qui sont responsables de nos difficultés et qui nous empêchent d’avancer.
Souvenons-nous que toutes nos croyances nous ont été utiles à un moment donné. Simplement, nous changeons en permanence, l’environnement autour de nous évolue et de ce fait, certaines de nos croyances ne sont plus adaptées et doivent être révisées.
Comment nos croyances limitantes nous influencent-elles ?
Elles nous façonnent
Nous l’avons répété plusieurs fois dans les paragraphes précédents, nos croyances sont les piliers sur lesquels nous construisons notre responsabilité. Elles sont notamment responsables de :
- Nos peurs
Les peurs sont généralement nourries par des croyances négatives inconscientes sur soi, sur les autres ou sur la vie.
- Nos normes
Si nous avons parfois du mal à admettre que certaines personnes pensent de manière diamétralement opposée à la nôtre sur des sujets qui nous tiennent à cœur, c’est du fait de nos normes. Les normes sont des hypothèses, des suppositions, des croyances sur ce qui est « bon » ou « mauvais », « bien » ou « mal ».
- Nos règles
Dans la continuité de nos normes, viennent nos règles conscientes ou inconscientes. Nos règles ont trait aux ordres ou interdictions que nous nous imposons. Elles se manifestent dès l’instant où nous utilisons des verbes ou expressions tels que « devoir », « falloir », « être obligé », « ne pas avoir le droit »…
- Nos valeurs
Nos valeurs, soit ce qui est important pour nous, découlent directement de notre système de croyances.
- La culpabilité
Il est parfois naturel de ressentir de la culpabilité. C’est le cas par exemple, lorsque nous causons un trouble à autrui ou lorsque nous commettons une faute. Mais ce type de culpabilité est à distinguer de celle qui nous a été transmise par notre environnement, ou qui découle des interdictions que nous nous imposons (exemple : la culpabilité face au bonheur est directement liée aux croyances qu’une personne entretient face à son propre sujet).
Parallèlement, nos croyances déterminent la manière dont nous percevons notre réalité.
Nos croyances déterminent notre perception de la réalité
« La réalité est une chose mystérieuse et fluctuante, car la perception que nous en avons ne reste jamais la même »
Joe Tan
Notre cerveau est constamment « bombardé » d’informations. Ne pouvant pas toutes les traiter dans le même temps, il est dans l’obligation de les sélectionner et de les filtrer. Ainsi, nous percevons le monde à travers le prisme de nos croyances.
En particulier, nos croyances sont responsables de trois violations sémantiques courantes :
- Les omissions
C’est le fait d’occulter tout simplement une partie de la réalité lorsque celle-ci est trop opposée à nos croyances.
- Les généralisations
Il s’agit ici de calquer l’une de nos expériences passées à toutes les situations plus ou moins similaires.
- Les distorsions
Elles consistent à baser nos réflexions sur des notions plus ou moins « floues » et abstraites (exemple : lectures de pensées, présuppositions, conclusions hâtives…).
Ainsi, dans la mesure où nos croyances sont à la base de nos principaux traits de personnalité et de nos représentations, il est naturel qu’elles soient à l’origine de nos réalisations.
Nos croyances sont à l’origine de nos actions
Selon le mathématicien et logicien Frank Ramsey, « nos actions sont décidées selon une estimation de leurs probabilités de réussite ». Autrement dit, une personne n’entreprend une action que si elle pense pouvoir atteindre l’objectif poursuivi. Parfois, cette personne prend le temps de se renseigner sur ces chances réelles de succès, mais bien souvent elle s’appuie tout simplement sur ses croyances.
Dans ces conditions, il est évident que nos croyances limitantes sont une entrave à nos actions.
Exemple : une personne persuadée qu’elle est incompétente, ne fera aucune action pouvant la conduire à sortir de sa zone de confort. Une personne ayant une représentation pessimiste de la situation économique de son pays dépensera peu à titre personnel et ne prendra aucun risque à titre professionnel.
Conséquence encore plus néfaste, nos croyances limitantes sont autoréalisatrices.
Des croyances autoréalisatrices
Nous avons vu que nos croyances influencent nos comportements et attitudes. Or, ces attitudes vont elles-mêmes avoir un impact sur notre environnement conduisant ainsi à la réalisation de nos croyances. C’est un cercle vicieux.
En outre, dans la mesure où nous nous construisons autour de nos croyances, nous perdons nos repères lorsque celles-ci sont ébranlées. Les remettre en cause est donc une source de doute, d’anxiété et d’inconfort. De ce fait, tout individu a naturellement tendance à provoquer ou chercher autour de lui des éléments qui viendront appuyer ses croyances.
Comment identifier ses croyances limitantes ?
Pour pouvoir dépasser ses croyances limitantes, encore faut-il en avoir conscience. Compte tenu de la difficulté que cela représente, l’accompagnement d’un professionnel est fortement aidante.
Ainsi, une grande part du travail du coach professionnel est d’identifier les croyances limitantes de son coaché. Pour cela, le coach doit être attentif à différents signes tels que :
- Les réactions émotionnelles de son coaché ;
- Le vocabulaire sémantique utilisé par le coaché (exemple : « je pense », « c’est bien de », « il faut »…) ;
- Le métamodèle linguistique (généralisation, distorsion, omission) ;
- Les incongruences (discordances entre la communication verbale et le langage incorporel) ;
- Les schémas de répétition (le coaché est confronté plusieurs fois dans sa vie à la même difficulté).
Ainsi, pour permettre à son coaché de prendre conscience de ses croyances, le coach doit à la fois faire preuve de concentration, faire preuve de neutralité et se détacher de ses propres interférences.
Comment se libérer de ses croyances limitantes ?
Prendre conscience de ses croyances est une première étape indispensable pour s’en libérer. Mais cela n’est pas toujours suffisant.
Outre la prise de conscience, un travail de coaching orienté sur la libération des croyances négatives comprend :
Étape 1 – L’identification des bénéfices secondaires
Pour se libérer d’une croyance, il est indispensable que le coaché soit pleinement conscient des effets néfastes de cette croyance, mais également de ses effets positifs… En effet, dans toute situation qui perdure, il y a un bénéfice secondaire cache. Il peut être difficile pour le coaché d’admettre ce bénéfice alors même qu’il se plaint des conséquences de sa croyance. Pourtant, cette introspection sincère est un préalable nécessaire pour modifier une croyance.
Exemple : la loyauté vis-à-vis de sa famille et la volonté de ne pas remettre en cause un modèle familial peuvent être des bénéfices cachés d’une croyance par ailleurs limitante.
Étape 2 – La clarification des émotions associées aux croyances
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Le mot « émotion » vient des termes latins « e » qui signifie « qui vient de » et « motion » qui signifie « mouvement ». Les émotions sont donc le moteur qui nous pousse à agir. C’est une fabuleuse énergie sur laquelle s’appuyer pour se libérer d’une émotion négative et opérer un changement.
Il peut ici être intéressant de procéder en quatre étapes :
- Amener le coaché à explorer les émotions négatives entrainées par ses croyances limitantes ;
- L’aider à visualiser les conséquences néfastes probables s’il ne change pas ;
- Inviter le coaché à anticiper les émotions positives qu’il vivrait s’il parvenait à modifier ses croyances ;
- L’inviter à imaginer les changements positifs qui surviendraient dans sa vie s’il parvenait à transformer ses croyances limitantes.
Cette technique est appelée le levier plaisir/douleur.
Étape 3 – Le doute
Il s’agit ici pour le coach personnel d’amener le coaché à douter du bien-fondé de ses croyances. Pour y parvenir, le coach s’appuie sur des techniques de questionnement pertinentes, tout en s’assurant de conserver sa bienveillance et sa neutralité.
Notamment, le coach peut interroger le coaché sur les preuves sur lesquelles s’appuient ses croyances. Il peut également l’amener à envisager des contre-exemples ou à s’interroger sur l’origine de ses croyances.
C’est seulement lorsqu’il commence à douter de l’utilité de ses croyances limitantes, que le coaché peut envisager d’autres hypothèses.
Étape 4 – L’apprentissage d’une nouvelle croyance
Et il en va de même pour l’esprit humain. Autrement dit, il est impossible d’éliminer une croyance, celle-ci ne peut être que remplacée.
À ce stade, le coach accompagne le coaché dans la définition d’une croyance ressource qui viendra en remplacement de l’ancienne croyance limitante. Ce changement de représentation mentale ne se fera pas en un jour. Le coach apporte alors au coaché son soutien inconditionnel afin de lui permettre de s’approprier progressivement cette croyance ressource.
Ce protocole de transformation des croyances limitantes n’est bien entendu qu’un exemple parmi d’autres de techniques pouvant permettre de se libérer de ses certitudes.
Autres techniques aidante pour se libérer d’une croyance limitante.
Astuce 1 – La répétition
Si nos représentations mentales négatives sont si durablement inscrites dans notre inconscient, c’est parce qu’elles ont été répétées maintes et maintes fois. De la même façon, il convient de répéter la nouvelle croyance ressource aussi souvent que nécessaire pour qu’elle vienne en remplacement de l’ancienne croyance limitante.
Pour cela, différentes techniques sont utilisées suivant les personnes :
- Exprimer la croyance sous la forme d’une affirmation simple, positive (sans négation) et formulée au présent ;
- Afficher la nouvelle croyance à des endroits stratégiques et à portée de vue ;
- Tenir un journal des faits venant à l’appui de la croyance ;
- …
Astuce 2 – La visualisation créatrice
La visualisation créatrice est appelée de différentes manières plus ou moins appropriées « autosuggestion », « autohypnose », « méthode Couet »…
Il s’agit, dans un état de relaxation appelée « état alpha », de faire appel à son imagination pour faire comme si les conséquences de la nouvelle croyance positive avaient déjà lieu.
Astuce 3 – Le dialogue interne
L’objectif ici est d’être conscient de ses dialogues internes négatifs pour systématiquement remplacer ses pensées négatives par des pensées ressources.
Exemple :
Croyance négative : La majorité des projets de création d’entreprise échoue avant leur troisième anniversaire. => Croyance ressource : Peut-être, mais beaucoup de projets réussissent, je fais partie de ceux-là.
En conclusion, tout être humain se construit autour d’une multitude de croyances sur à peu près tout. Hélas, rares sont les moments où nous prenons le recul suffisant pour les remettre en question. Les difficultés surviennent alors, car le monde autour de nous évolue, nous changeons, mais notre système de pensée reste figé. Heureusement, nous pouvons modifier et choisir les croyances qui nous aideront à atteindre nos objectifs. La première étape est d’en avoir conscience.
Et vous ? Quelles sont les croyances qui vous empoisonnent ?
PARLEZ-NOUS DE VOUS
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