Gérer ses émotions : un indispensable à la réussite professionnelle ?
On dit souvent des émotions qu’elles sont les boussoles de nos vies. Elles sont des guides intérieurs. Néanmoins, par manque de connaissance, nous éprouvons des difficultés à les accueillir lorsqu’elles surviennent. Alors que les émotions interagissent dans tous les aspects de nos vies, que ce soit d’un point de vue personnel ou professionnel, nous ne sommes pas armés pour en tirer le meilleur parti.
Dans cet article, Koï Coaching vous invite à découvrir l’origine des émotions, à comprendre les messages qu’elles portent pour, in fine, en faire un levier dans la réussite de votre vie professionnelle.
Comprendre ses émotions
Proposition de définition
Le mot « émotion » vient du latin « emovere » qui signifie « mouvement vers l’extérieur »
Une émotion est un ensemble de réactions physiques (transpiration, rougeur, pâleur, malaise, palpitations …) et psychologiques (pensées positives ou négatives) qui interviennent pour faire face aux évènements de notre vie quotidienne.
Elles sont des réactions que nous ne contrôlons pas, d’intensité variable, perceptibles ou non par nous-mêmes et par les autres en réponse à des représentations, des situations ou des relations.
Les psychologues tendent à dire que l’émotion est essentielle à la conscience de soi ainsi qu’à la connaissance de soi, d’autrui et du monde.
Les émotions primaires
Les émotions dites « primaires » ou « fondamentales » sont celles également présentes chez les enfants et les primates. Elles sont universelles : non seulement tout être humain en fait l’expérience, mais elles sont, en outre, reconnaissables au travers du langage non verbal.
Les quatre émotions primaires reconnues en tant que telles par tous les spécialistes sont la colère, la joie, la tristesse et la peur.
Sans entrer dans le détail, la colère sert à se faire respecter, à poser ses limites, à protéger son intégrité. La joie est le moteur de l’envie de vivre, de grandir, de progresser. La tristesse inspire le repli sur soi nécessaire pour se protéger en période de transition, de deuil ou de changement. Enfin, la peur est le signal d’un danger à venir, réel ou imaginaire, afin de nous inciter à nous préparer.
Au côté de celles-ci, certains ajoutent le dégoût et la surprise.
Ainsi comme nous le verrons ci-après, chaque émotion est porteuse d’un message et a pour fonction de nous inciter à agir dans un sens déterminé.
L’Origine des émotions
À première vue, nous pourrions être tentés de penser que les émotions sont une réaction incontrôlable à des situations de la vie. Dans les faits, il s’agit plus précisément d’une réaction aux pensées que nous entretenons face à une situation donnée. Ainsi ce qui peut être une « bonne » nouvelle pour les uns sera considéré comme une « mauvaise nouvelle » pour les autres.
Nos émotions n’appartiennent qu’à nous. C’est d’ailleurs ce que souligne Marshall Rosenberg dans son livre sur la communication non violente, « les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs ».
Ce que nous ressentons, que ce soit de l’inquiétude, de la colère, de la frustration, de la peur ou de la joie, de l’enthousiasme, de l’euphorie par exemple est directement lié à nos perceptions face à une situation donnée. Ces perceptions sont bien souvent guidées par nos valeurs, nos systèmes de croyances ou nos préjugés. Nos émotions prennent donc naissance dans nos propres peurs, souffrances, joies ou espérances, l’ensemble étant alimenté par nos modes de pensées privilégiés.
Comprendre le lien entre émotions et système de pensées est fondamental pour apprendre progressivement à gérer ses émotions, ne plus se laisser envahir par elles et en faire des alliés.
Selon Paul D. MacLean, médecin et neurobiologiste, auteur de la théorie du cerveau triunique, les émotions siègent dans le cerveau limbique, également appelé cerveau émotif. Celui-ci comprend l’amygdale, l’hippocampe et l’hypothalamus. Le cerveau limbique (et par voie de conséquence les émotions) exerce une grande influence, souvent inconsciente sur nos actions et comportements. Il est d’ailleurs reconnu que les émotions affectent les capacités cognitives et le jugement. Une forte charge émotionnelle peut conduire à une attitude irrationnelle.
Parallèlement, dans son livre « l’erreur de Descartes », Antonio Damasio rappelle que l’absence d’émotions conduit au même résultat qu’une émotion incontrôlée : l’impossibilité de prendre des décisions cohérentes.
Enfin, nos émotions s’attachent également à notre mémoire et à nos expériences passées. Les spécialistes disent que les émotions sont des réponses émotionnelles face à des évènements qui nous rappellent (même de loin) des situations qui se sont déjà produites.
Les émotions sont porteuses d’un message
À chaque émotion un message…
Comme nous l’avons évoqué précédemment, toute émotion est porteuse d’un message.
Avant que le langage ne se développe, nos ancêtres se reposaient principalement sur leurs ressentis et émotions pour survivre. Au fil des années, cette intelligence émotionnelle s’est perdue. Nous sommes moins habitués à écouter nos émotions et signaux intérieurs.
Beaucoup de personnes pensent que gérer une émotion consiste à la contrôler, la dominer, ou à la refouler. Mais, en agissant ainsi, nous nous privons d’informations précieuses. Dans les faits, gérer une émotion consiste à l’accueillir, à la comprendre, à l’utiliser.
Cette conscience de soi n’est possible que si nous apprenons à décoder les principaux messages de nos émotions. Ainsi :
– La peur est une émotion très utile. Elle nous protège des dangers. Elle s’accompagne souvent de modifications physiologiques : une hyperventilation, une augmentation artérielle, une dilatation des pupilles. Le rôle de la peur est de nous préparer à une menace. Selon son intensité, elle peut prendre différentes formes telles que l’appréhension, la crainte, l’inquiétude, l’anxiété, l’angoisse…
– La colère nous invite à nous affirmer, à ressentir des choses et surtout à nous faire respecter. Elle ne doit en aucun cas être confondue avec la rage, la frustration ou le fait de crier. Bien gérer, la colère ne s’accompagne nullement de violence. Il s’agit de faire asseoir ses positions d’un ton ferme et déterminé dans le respect de soi et également dans le respect des autres. La colère doit être écoutée et exprimée dès les premiers frémissements pour ne pas tourner en violence contre soi ou contre les autres. Accueillie et exprimée calmement, de manière saine, sans agressivité, elle conduit à l’affirmation de soi et à l’assertivité.
– La tristesse nous permet de nous préparer à une phase de transition associée à une perte, qu’il s’agisse de la perte de quelqu’un, de quelque chose, d’une situation ou d’une illusion. La tristesse invite au repli sur soi. Elle s’accompagne souvent de pleurs, d’un ralentissement du rythme cardiaque et de la tension artérielle. Il s’agit d’une émotion nécessaire pour faire le deuil du passé et nous rendre disponibles à une situation nouvelle.
– La joie nous indique que tout ou partie de nos besoins sont satisfaits, que nous sommes dans la bonne direction. Elle s’accompagne de sécrétions d’hormones telles que la dopamine, hormone du plaisir, la sérotonine, hormone de la bonne humeur, mais aussi l’ocytocine, hormone du lien social. La joie est la seule émotion primaire agréable à ressentir. Le rôle de la joie est de nous auto récompenser, de nous faire du bien. Elle stimule la motivation, la créativité et renforce nos défenses immunitaires.
…message qu’il nous appartient d’accueillir
Le psychologue et écrivain Claude Steiner met en évidence ce qu’il appelle « l’échelle de conscience émotionnelle ». Selon lui, il y a 7 étapes à franchir avant que nous ne soyons en mesure de gérer nos émotions :
- L’engourdissement : absence de ressenti émotionnel ;
- La perception des sensations physiques: l’émotion se traduit uniquement par des manifestations physiques ;
- L’expérience primaire : nous sommes conscients de la présence d’émotions, sans être capables de les identifier ;
- La différenciation des émotions: vision claire des émotions en présence, être capable d’en parler ;
- La causalité: comprendre l’émotion et être capable d’identifier ce qui en est à l’origine ;
- L’empathie : reconnaissance et compréhension des émotions d’autrui ;
- L’interactivité: être à la fois capable de ressentir les émotions en nous et autour de nous, les comprendre, savoir composer avec elles.
Ainsi, passer du stade engourdissement (déni des émotions) au stade interactivité (gestion des émotions) est un processus progressif qui demande de l’entrainement
Apprendre à gérer ses émotions
Rappelons que gérer ses émotions ne signifie pas les contrôler, mais être capable de les ressentir, de les exprimer, de les comprendre et de s’appuyer intelligemment sur elles pour guider nos actions.
Plus précisément, les psychologues Peter Salovey et John Mayer définissent le quotient émotionnel comme « l’habileté à percevoir et exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à les réguler chez soi et chez les autres ».
Lors de nos séances de coaching, nous invitons les personnes souhaitant mieux gérer leurs émotions, à passer par 7 étapes :
- Comprendre le contexte: décrire le plus objectivement possible la situation à l’origine de l’émotion ;
- Accueillir l’émotion: décrire les manifestations physiques de l’émotion, les pensées qui y sont associées ;
- Décoder le message de l’émotion: au moyen de techniques de questionnement, s’interroger sur le sens de l’émotion, quels changements implique-t-elle ?
- Accepter l’émotion: souvent, notre première réaction face à une émotion désagréable est de souhaiter la dominer ou la transformer. Pourtant, il est essentiel de lâcher prise et d’accepter cette ou ces émotions telles qu’elles sont réellement ;
- Considérer ses émotions comme des alliés: prendre conscience que les émotions sont porteuses de sens, qu’elles ont un rôle de messager et de guide ;
- Se soutenir: quel que soit le message porté par l’émotion, conserver un langage positif et bienveillant vis-à-vis de soi ;
- Passer à l’action: après avoir compris le message porté par les émotions, mettre en place les actions adéquates.
Quelle est la place de nos émotions dans notre société actuelle ?
Aujourd’hui, nous ne savons pas vraiment quoi faire de nos émotions et nous avons tendance à les refouler. Pourtant, moins nous les écoutons, plus elles se renforcent allant parfois jusqu’à la somatisation.
Comprendre nos émotions permet de vivre plus heureux, plus sereinement, d’entretenir une bonne confiance en soi et une bonne estime de soi.
Nos émotions sont tout à la fois une aide pour nos prises de décisions, pour notre capacité d’adaptation à l’environnement qui nous entoure, pour notre socialisation. De plus en plus d’institutions ont d’ailleurs compris l’intérêt d’accepter les émotions dans nos vies et se basent sur le concept de l’intelligence émotionnelle.
L’intelligence émotionnelle se définit comme une habileté à percevoir précisément, à évaluer et à exprimer ses émotions et celles des autres. Cette habileté facilite notre compréhension et notre conscience de nous-mêmes dans l’ici et maintenant. Elle nous permet de poser des actions plus en adéquation avec nos besoins réels. De même, elle nous sert de guide lors de nos interactions avec les autres.
L’intelligence émotionnelle aussi nommée IE repose sur trois modèles principaux :
– Le modèle de Reuven : l’IE est présentée comme une intelligence mixte, composée d’une habileté cognitive et de traits de personnalité. Ce modèle fait ressortir l’influence de l’IE sur le bien-être général.
– Le modèle de Goleman : l’IE est aussi présentée comme une intelligence mixte composée de l’habileté cognitive et de traits de personnalité. Ce modèle est centré sur l’influence de l’IE sur le succès dans le milieu du travail.
– Le modèle de Salovey et Mayer : l’IE est considérée comme une forme d’intelligence pure, ce qui signifie que l’intelligence émotionnelle est considérée comme une habileté cognitive.
Dans les milieux scolaires, les instituteurs cherchent à apprendre aux enfants, et ce, dès le plus jeune âge, le rôle des émotions et la manière de les accueillir de la meilleure façon possible dans leurs vies. Parallèlement, de nombreux psychothérapeutes tels qu’Isabelle Filliozat invitent les parents à aborder l’éducation de leur enfant sous l’angle de l’empathie. L’objectif étant d’apprendre aux enfants à mieux appréhender ce qui se passe en eux.
Dans le milieu professionnel, de plus en plus de dirigeants d’entreprise basent leurs recrutements sur les qualités émotionnelles des candidats. L’intelligence émotionnelle apparait ici comme un levier favorisant les bonnes relations interpersonnelles au sein de l’entreprise, et avec les partenaires externes.
Quand nos émotions servent-elles nos intérêts professionnels ?
Les émotions sont potentiellement toutes mobilisées dans et par notre travail. Certains voient leur travail perturbé par la présence des émotions ; d’autres utilisent ces mêmes émotions comme une source d’information. Pour ces derniers, l’émotion est à la base de l’intuition.
Longtemps considérées comme une faiblesse, les émotions sont aujourd’hui reconnues dans le milieu du management et passe par l’expression de soi dans l’activité professionnelle.
Dans une optique de bien-être au travail et de prévention du stress, accueillir, percevoir et comprendre ses émotions permet à chacun de s’épanouir et aide à la gestion du stress. Parallèlement, reconnaitre les émotions en milieu professionnel favorise l’intelligence collective et facilite la gestion des conflits.
En effet, accueillir, comprendre et respecter ses émotions permet le développement des qualités d’écoute, d’empathie et de maîtrise de soi. Cette attitude de bienveillance envers soi et envers les autres améliore les relations interpersonnelles, stimule la motivation, l’intuition, la créativité, la persévérance et l’adaptabilité.
À l’inverse, lorsqu’elles ne peuvent être exprimées, les émotions négatives vécues au travail peuvent provoquer une certaine lassitude, de la souffrance ou de l’épuisement professionnel, affectant ainsi notre efficacité.
À titre d’illustration, les émotions sont utiles en entreprise pour :
– Maintenir une bonne cohésion de groupe : elles permettent de nouer des relations sociales stables, d’accélérer l’intégrité et d’augmenter l’efficacité au sein d’une équipe ;
–Faciliter la communication : une bonne gestion des émotions permet de mieux comprendre ce qui se passe en soi et chez les autres. Nos qualités d’écoute et de communication en sont améliorées ;
– Développer des qualités personnelles telles que l’empathie, l’adaptabilité, le sens de l’initiative ou la capacité à convaincre ;
- Stimuler les initiatives individuelles: les émotions sont à la base de la créativité et de l’intuition.
Les émotions comme la joie, l’enthousiasme ou la gratitude permettent d’atteindre plus facilement les objectifs d’une entreprise. Les équipes sont alors plus motivées, impliquées et créatives. À l’inverse, des émotions comme la peur, l’ennui ou la tristesse nuisent aux capacités de raisonnement et de réflexion.
Alors que les émotions dites « mauvaises », comme la peur, la colère ou la tristesse ne sont pas forcément bien vues, elles sont néanmoins positives lorsqu’elles sont appréhendées de manière constructive. Elles permettent de corriger une situation non souhaitée.
C’est la raison pour laquelle les dirigeants ont tout à gagner à apprendre à lire les émotions des membres de leur équipe. Il sera d’autant plus facile de les accompagner et de les garder motivés !
Nous sommes tous gérer par nos émotions, qu’elles soient négatives ou positives, et ce, dans tous les aspects de notre vie, dès notre plus jeune âge. C’est pourquoi apprendre à comprendre nos émotions et les accepter est un travail de tous les jours. Il est donc très important pour nous-même et pour notre avenir personnel et professionnel de s’exercer à les accueillir avec bienveillance. C’est à l’aide d’une persévérance accrue et en s’appuyant sur l’intelligence émotionnelle que les émotions qui nous habitent deviendront un puissant allié.
ET SI NOUS ECHANGIONS ?
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