Femmes entrepreneurs : Comment sortir du syndrome de l’imposteur ?
Le syndrome de l’imposteur est un phénomène commun, mais peu connu. Il provoque un sentiment d’illégitimité professionnelle : manque de confiance en soi, association de la réussite à la chance, sentiment d’illégitimité face à des promotions… ce syndrome peut facilement vous « plomber le moral » et vous mettre des bâtons dans les roues au travail.
Dans cet article, Koï Coaching vous explique ce qu’est réellement le syndrome de l’imposteur, comment il se manifeste, et surtout, comment s’en sortir.
Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?
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Explications
Le syndrome de l’imposteur (également appelé syndrome de l’autodidacte) a été reconnu scientifiquement pour la première fois en 1978 par deux psychologues, Pauline Rose Clance et Suzanne Imes.
Pauline Clance, dans son livre « comment surmonter la peur qui mine votre réussite » (Flammarion, 1992), explique que 60 à 70% des personnes douteraient ou remettraient en cause la légitimité de leur succès professionnel au moins une fois dans leur carrière. Ce sont ces pensées, lorsqu’elles sont répétitives, qui façonnent le syndrome de l’imposteur.
Le syndrome de l’imposteur n’est pas une maladie ni un trouble du comportement. Le terme « syndrome » fait d’ailleurs débat. Pauline Clance elle-même explique qu’il peut être préférable de le qualifier d’ « expérience d’imposture ». En effet, cette expression est plus neutre et englobe un sentiment que tout un chacun peut être amené, un jour, à ressentir : la dévalorisation de soi.
Pour la suite de cet article, nous utiliserons malgré tout le terme de syndrome de l’imposteur, car celui-ci reste plus couramment utilisé.
Comment se manifeste le syndrome de l’imposteur ?
Une personne victime du syndrome de l’imposteur se sent un peu comme le vilain petit canard dans une marre remplie de beaux et grands cygnes.
Imaginons Catherine. Elle a 42 ans, diplômée de Centrale, elle a occupé des emplois d’ingénieures au cours desquels elle a réellement réussi et beaucoup appris. Elle décide de lancer son entreprise. En deux ans, elle crée une application qui cartonne ! Jusque-là, tout va bien. Mais Catherine est anxieuse, n’a pas confiance en son projet. Elle pense qu’elle a réussi sa création d’entreprise grâce à la chance, la conjoncture économique et les tendances actuelles… Bref, Catherine est atteinte du syndrome de l’imposteur.
En d’autres mots, ce syndrome peut se manifester au travers de différentes pensées telles que :
- « Je ne mérite pas ce poste » ;
- « Je suis indigne de cette promotion » ;
- « Je ne suis pas à la hauteur » ;
- « J’ai volé la place d’un autre » ;
- « Ma réussite est due à ma chance, à mes pairs, à mes relations ».
Le syndrome de l’imposteur peut donc provoquer :
- Une augmentation du stress au travail ;
- Un refus d’accepter les compliments des autres ;
- Un sentiment d’infériorité ;
- Un scepticisme constant quant à ses compétences ;
- Un sentiment de culpabilité face à la réussite ;
- La crainte du regard des autres et la peur d’être démasquée ;
- La peur de demander de l’aide ;
- De l’anxiété ;
- Une estime de soi fragile ;
- La peur constante d’échouer ou de se tromper.
Pourquoi ce syndrome est-il principalement féminin ?
Peut-être que vous vous reconnaissez dans ces affirmations, surtout si vous êtes une femme. En effet, les femmes ont du mal à se défaire des rôles dans lesquels elles ont été mises dans le passé (secrétaires, assistantes, femmes de ménage…). Il est fréquent qu’une femme – ayant un poste à responsabilité ou non – se demande « qu’est-ce que je fais là ? », « est-ce que je ne serais pas meilleure ailleurs ? », « est-ce que j’ai les compétences pour cette mission ?». Ainsi, certaines femmes ne se sentent pas légitimes de porter des projets, créer des entreprises ou encore d’affirmer leur position de leader.
Les femmes entrepreneurs ayant une mère qui n’a pas connu de carrière professionnelle et qui s’occupait de sa famille sont plus à même de ressentir ce syndrome. En ne suivant pas les traces de leurs congénères et en osant suivre leur propre chemin, elles se retrouvent dépourvues de modèles. De ce fait, certaines adoptent un comportement de type « je réussis, mais pas trop non plus ». Si vous exercez un travail dit « masculin » ou regroupant des normes masculines, vous serez d’autant plus confrontée à ce sentiment d’incompétence, d’imposture, ou encore, de ne pas être à la hauteur.
Beaucoup de femmes s’autolimitent. Plus elles sont proches du pouvoir, plus elles sont confrontées à des freins psychologiques internes et sociétaux qui vont nuire à leur ambition, leur motivation et leur leadership. On peut également regretter la situation du plafond de verre à laquelle les femmes ayant des responsabilités en entreprises se retrouvent parfois confrontées.
Le syndrome de l’imposteur peut donc vous retirer tout plaisir d’aller travailler et vous faire perdre la notion de sens au travail. Vous vous dévalorisez et cela se ressent. Pour sortir de ce schéma de pensée, une solution possible est de s’identifier à des femmes inspirantes, d’en regarder les biographies et de se rendre compte qu’il est possible de réussir et d’atteindre ses objectifs en étant une femme entrepreneur.
Mais, allons plus loin…
Nos 10 conseils pour se libérer du syndrome de l’imposteur
1/ Ecrivez votre propre définition « d’être à la hauteur »
L’objectif ici est de vous détacher de toutes les normes et valeurs qui peuvent nuire à votre réussite. Celles-ci peuvent provenir, par exemple, de vos parents, de votre éducation ou de la société. La vision « toute faite » de la femme au foyer qui doit s’occuper de ses enfants (cliché certes, mais cela reste tout de même dans les mœurs sociétales et professionnelles) est nuisible pour votre carrière. Vous devez donc réécrire votre propre définition « d’être à la hauteur ».
À titre d’illustration, une définition d’être à la hauteur pourrait se décliner en plusieurs axes :
- Découvrir et comprendre votre vraie valeur, ce qui vous rend unique ;
- Définir ainsi ce que vous souhaitez viser, vos objectifs ;
- Assumer vos différents choix et objectifs de vie ;
- Accepter d’affronter les avis divergents et surtout les représentations que vous vous faites de ce que les autres attendent de vous ;
- Mobiliser votre énergie pour être à la hauteur de vos propres choix et non ceux des autres ;
- Une fois vos objectifs atteints, savourez le plaisir du chemin parcouru. Vous pouvez considérer que vous êtes à la hauteur et légitime d’être là où vous êtes.
Il ne s’agit là que d’une illustration. À votre tour à présent de définir l’expression « être à la hauteur ». Une fois votre définition rédigée, il peut être utile de la relire régulièrement. Vous pouvez également l’écrire sur un post-it et le coller dans votre agenda professionnel, sur votre bureau ou encore chez vous de manière à vous donner un regain de motivation régulièrement. L’intérêt est de pouvoir la relire dès que vous remettez en question votre succès.
2/ Identifiez vos valeurs
Chacun possède ses propres valeurs, il est important d’identifier les vôtres. Nous insistons sur la nécessité de définir VOS valeurs et de ne pas laisser les autres (ou la représentation que vous vous faites de leur désir) choisir pour vous.
Vos valeurs sont ce qui est vraiment important pour vous. Les découvrir nécessite un travail d’introspection qui peut être relativement long. Peut-être que vous n’êtes pas habitué à vous concentrer sur vos véritables besoins et non ceux dictés par votre environnement ? Pour autant, ce travail de développement personnel est important dans la mesure où vos valeurs guident vos actes et font de vous ce que vous êtes.
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3/ Identifiez vos points forts
Nous avons tous une valeur unique, quelque chose que personne ne peut nous enlever et qui nous rend différent. De celle-ci découlent nos points forts. Il s’agit à présent d’en ériger la liste… Pas simple, nous le savons ! Laissez vos défauts de côté, focalisez-vous un instant sur vos qualités et vos compétences.
Une fois, et seulement une fois votre liste rédigée, demandez l’avis de votre entourage. Privilégiez des personnes proches de vous, mais avec lesquelles vous entretenez des relations différentes : famille, amis, relations de travail…
Il est intéressant de confronter sa perception de soi-même à celle que nous portent d’autres personnes, car nous avons souvent une image erronée de nous-mêmes. Cela s’explique par nos distorsions cognitives. Les distorsions cognitives sont des erreurs que nous commettons dans le traitement des informations. Elles ont pour conséquences d’entretenir des pensées négatives et de perturber notre façon de voir les choses. De manière imagée, elles peuvent être considérées comme « un filtre malveillant » qui nuit à l’image qu’une personne entretient à propos d’elle-même.
Pour finir, relire la liste de vos points forts vous aidera à gagner en estime de vous. À noter, l’estime de soi correspond aux regard et jugements que vous portez sur vous-même, y compris sous le regard des autres. L’objectif en relisant cette liste n’est pas de tomber dans un syndrome inverse (le syndrome de toute puissance). Il s’agit simplement de continuer à s’estimer soi-même, se faire confiance et s’aimer dans les situations dans lesquelles vous avez tendance à vous dévaloriser.
4/ Listez vos réussites passées, mais également vos points de déception
En listant vos réussites et succès professionnels passés, vous les conserverez plus facilement en mémoire. Attention, il est facile de ne retenir que les échecs et les points négatifs d’une carrière. Or c’est un excellent moyen d’entretenir un phénomène de dévalorisation de soi.
Face à chaque événement n’ayant pas pleinement répondu à vos attentes, notez ce que vous avez appris et la manière dont vous avez progressé. L’enjeu ici est de conserver un historique le plus fiable possible de votre passé professionnel.
N’oubliez pas de noter dans cette liste tous les évènements, y compris ceux dont vous attribuez les conséquences à des circonstances extérieures. Rappelez-vous que le syndrome de l’imposteur tend à vous faire croire que vos succès sont dus à des causes externes telle que la chance ou le contexte. Il est important ici de ne pas écouter cette voix saboteuse.
Une fois votre « aide-mémoire » rédigé, relisez-le régulièrement.
5/ Listez vos points faibles
Comme pour l’identification de vos points forts, la découverte de vos points faibles s’effectue en deux étapes :
- Rédigez dans un premier temps cette liste seule ;
- Complétez-la dans un second temps à l’aide des témoignages de votre entourage
Dans un contexte où il est important de se libérer du regard des autres, vous pourriez, à juste titre, vous interrogez sur l’intérêt de confronter cette vision de vous-même aux avis de votre entourage. Le bénéfice tient surtout aux feedbacks recueillis et au phénomène de recadrage. Le recadrage en coaching consiste à comprendre qu’il est possible d’avoir d’autres façons de penser, d’entretenir d’autres visions du monde. Il ne s’agit pas de tenir pour acquis les avis de personnes tierces, mais simplement d’accepter l’idée qu’il n’existe pas de vérité unique. Pour chaque point de votre liste, qu’il s’agisse de vos points forts ou de vos axes d’amélioration, demandez-vous le plus objectivement possible sur quoi il est fondé.
Enfin, quoiqu’il arrive, entretenez vis-à-vis de vous-même une communication bienveillante. Cessez de rechercher le perfectionnisme à tout prix. Au lieu de vous blâmer pour ce que vous considérez comme des imperfections, soutenez-vous, encouragez-vous, apportez-vous un soutien inconditionnel. Imaginez que vous soyez avec un ami, qu’est-ce qui est, selon vous, le plus aidant pour lui :
- Lui dire que vous l’aimez tel qu’il est et l’aider, le cas échéant, à donner le meilleur de lui-même ;
- Ou le blâmer, rejeter et adopter un comportement violent chaque fois qu’il ne répond pas exactement à vos attentes ?
La communication non violente, la compréhension, l’empathie et la bienveillance nous semblent plus efficaces, y compris dans les dialogues que l’on entretient avec soi.
6/ Listez vos croyances
Les croyances sont des certitudes que l’on porte sur soi, sur les autres et sur la vie en général. Le problème des croyances est que l’on ne pense pas à les remettre en cause. Or, certaines sont aidantes, positives, et porteuses. D’autres au contraire nous freinent et peuvent agir comme des « boulets ». Il est donc important d’identifier vos principales croyances, positives comme négatives afin de pouvoir les remettre en question.
Exemple :
- Croyance positive : je suis née pour faire quelque chose d’important à mes yeux ;
- Croyance négative : je dois ma réussite actuelle uniquement à un travail acharné.
L’enjeu ensuite est de contrebalancer chaque croyance négative par une croyance positive.
Dans le cas de l’exemple précédent, vous pourriez reconnaître que votre réussite actuelle n’est pas uniquement liée aux efforts que vous fournissez. Elle peut également s’expliquer par votre persévérance, votre courage, votre capacité d’adaptation, votre vivacité d’esprit, etc. En somme, elle peut s’expliquer par tout ce qui fait votre valeur unique. Ainsi la croyance « je dois ma réussite actuelle uniquement à un travail acharné » deviendrait « je dois ma réussite actuelle à ma capacité de travail et à mes qualités personnelles. »
Ainsi, démasquer ses croyances négatives est un excellent moyen de déjouer un syndrome de l’imposteur.
7/ Stopper les comparaisons
L’une des premières étapes pour cesser de se comparer aux autres est de prendre conscience de ce phénomène de comparaison. Notre éducation, du fait de la notation scolaire par exemple, nous pousse à nous comparer les uns aux autres, si bien que nous le faisons parfois inconsciemment.
Se comparer à une personne tierce c’est regarder ce qu’il nous manque par rapport à l’autre. Il peut être judicieux d’arrêter de penser en termes de « manque », mais plutôt en termes de « qu’est ce que je peux apporter ». L’objectif ici est de se focaliser sur nos atouts plutôt que sur nos faiblesses. Nul besoin de regarder ce que vos collègues peuvent faire de plus, car vous pouvez faire des choses qu’ils/elles ne peuvent pas faire en retour. Encore une fois, chacun d’entre nous possède une valeur unique et c’est ce qui permet de créer de belles synergies.
Les six étapes précédentes avaient pour vocation de vous aider à prendre conscience de votre potentiel. Vous n’arriverez probablement pas à vous libérer de toutes vos pensées négatives du jour au lendemain. C’est un travail qui peut être long et nécessiter l’accompagnement d’un professionnel. Mais quoi qu’il en soit les listes précédemment établies doivent vous permettre de conserver en mémoire le chemin que vous avez parcouru, et de limiter les sentiments d’usurpation. Ensuite, souvenez-vous que pour se libérer du syndrome de l’imposteur, il est essentiel de rester centré sur soi : ne pas cherchez à imiter les autres, ne pas souhaitez correspondre à tout prix à une étiquette, lâcher prise. L’enjeu est simplement de rester soi et donner le meilleur de soi, dans la vie quotidienne comme au travail.
8/ Faites-vous un « plan apprentissage »
Vous avez à présent une vision plus objective de vos compétences, de vos qualités et de vos faiblesses. Vous savez ce qui est acquis et ce qui reste à améliorer. Cette huitième étape consiste à vous centrer sur les axes d’amélioration que vous avez personnellement identifiés, dans le but de décider des actions que vous souhaitez mettre en œuvre pour progresser.
Exemple :
- Avoir le courage de demander conseil à des personnes plus expérimentées lorsque cela est nécessaire ;
- Rejoindre des réseaux professionnels afin de bénéficier de partages d’expérience ;
- Le cas échéant, suivre des formations complémentaires si vous en ressentez réellement le besoin.
- …
Peu importe l’action que vous déciderez de mettre en oeuvre. Le seul fait de ne pas se reposer sur ses acquis et de poser des actions pour progresser augmente l’estime de soi et permet de réduire le syndrome de l’imposteur.
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9/ Changez votre perception de l’échec
De la même façon que vous avez rédigé votre définition d’« être à la hauteur », vous pourriez écrire votre définition du mot « échec ».
Qu’est-ce qu’un échec ? Cela existe-t-il réellement ? Qu’est-ce que vos erreurs passées ont eu de bénéfique ? Qu’est-ce qu’elles vous ont permis d’apprendre ou d’améliorer ?
10/ Rebondir lorsque les choses ne se passent pas comme vous le souhaitez
Lorsque les choses ne se passent pas comme vous le souhaitez, il est plus porteur d’éviter de vous morfondre en vous concentrant sur :
- Ce que vous avez appris ;
- Ce que vous pouvez mettre en œuvre pour vous améliorer.
Cette dernière étape est essentielle dans le but de vous libérer du syndrome de l’imposteur dans un cadre professionnel ou dans votre vie quotidienne. Vos erreurs et maladresses passées ne seront des échecs que si vous les considérez comme tels. Il vous appartient de les transformer en des sources d’apprentissage et des leviers vous permettant de vous rapprocher de vos objectifs.
Pour conclure, le syndrome de l’imposteur est un phénomène répandu particulièrement chez les femmes. Il n’est pas nécessairement grave et peut même parfois résulter d’une saine remise en question. La situation devient problématique lorsque vous entrez dans une démarche de dévalorisation et de dénigrement régulière. Pour vous libérer du syndrome de l’imposteur, une solution efficace est de prendre conscience de votre potentiel, de votre valeur et de mettre en place des solutions pour vous remémorer régulièrement vos compétences.
Nous espérons que cet article vous aura été utile et que nous aurons l’occasion d’en discuter avec vous.
Restons connectés !